Face à des enjeux aussi importants et en dépit des liens historiques de pôles de recherche et d’enseignement français avec la région MENA, les recherches en langue française dans ce domaine demeurent relativement rares et dispersées. La littérature existante sur les productions culturelles porte très majoritairement sur les flux informationnels, les recompositions des champs médiatiques, mais aussi sur la réception des télévisions arabes transnationales. De nombreux travaux sont également consacrés aux réseaux numériques dits sociaux et au rôle qu’ils ont joué dans les révoltes au sein de plusieurs pays majoritairement de langue arabe, mais aussi désormais sur les questions de « transition médiatique ».

Tenant compte de ces acquis importants mais aussi de cette lacune générale, les recherches menées au LabSIC entendent tout d’abord placer au cœur de l’analyse relationnelle les questions socioéconomiques des entreprises médiatiques, les profils de leurs initiateurs et de leurs employés, les enjeux pour les États et les organisations internationales. Elles visent aussi à étudier en même temps les transformations des espaces médiatiques et culturels nationaux, qui sont loin d’être homogènes comme tend à le faire croire l’expression « monde arabe », avec celles des espaces internationaux des biens culturels. Enfin, ces recherches s’appliquent à ne pas cloisonner les biens culturels dans des spécialités (médias, cinémas, séries, etc.) afin d’étudier ensemble leur production, leur diffusion et leurs appropriations dans la région MENA.

Une première phase de ces travaux, consacrée aux entreprises de presse non adossées aux partis politiques, a permis de mobiliser plusieurs équipes de recherches dans différents pays de cette région du monde : Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie. Jordanie, Turquie, Liban et Bahrein.